Hi all.
Avant de commencer mon petit récit voici le set: il est 9h20 du matin et le soleil tape déjà de presque toutes ses forces. Je suis en terrasse d'un café classieux au bord du Tonlé Sap avec mon ordinateur. Led Zeppelin à fond dans les oreilles. Les rythmes de "Heartbreaker" me donnent vraiment la banane. Voilà. ;o)
Je suis donc entré au Cambodge par l'extrème sud: poste frontière vietnamien de Ha Tien. Le visa peut se faire à l'arrivée moyennant 25$ et une photo d'identité. De là, j'ai loué les services d'un moto taxi et nous avons fait les 50 bornes de la première de mes destinations cambodgiennes: Kampot
C'est dingue comme l'on réalise que c'est un pays différent qui s'offre à nous dès que l'on roule du côté cambodgien. Les paysages et hameaux sont tellement authentiques. Les faciès khmers n'ont en plus rien à voir avec ceux des viets;leur origine anthropologique n'ayant rien de commun.
Kampot est une jolie petite ville au bord de l'eau. On remarquera ses nombreux bâtiments français coloniaux complètement décrépits et à deux doigts de s'effondrer pour certains. Elle fait l'effet d'une bourgade complètement endormie lorsqu'on débarque. Pas de circulation, quelques deux roues de ci de là. Cela fait un drôle d'effet, surtout en venant du Vietnam. J'y ai passé 3 nuits car j'avais dans l'idée de visiter le parc national du Bokor situé à une trentaine de kilomètres de là.
Ce qu'il y a d'interessant à voir dans le parc du Bokor c'est l'ancienne station climatique abandonnée construite dans les années 1920 à l'époque du protectorat français. Me voilà donc sur ma moto gravissant la montagne. Virages, lacets et épingles à fond sur ma pétrolette, la fraicheur me saisissant plus je grimpe. J'attends avec impatience de tomber sur la station climatique, la vieille église et le palace abandonnés (imaginez l'hotel dans Shining de Stanley Kubrick) lorsque, horreur....un chantier monumental au milieu de rien. Un hotel-casino en construction financé par les chinois ! Puis, pas loin, des villas horribles qui se montent les unes après les autres. Sans commentaire n'est ce pas ?
Alors oui, on s'imagine les français des années 20-30 montant ici rechercher de la fraîcheur, se prélasser dans ce petit palace de briques rouges perdu là...si ce n'est que, le palace est en pleine rénovation à la cambodgienne (bêton sur les briques etc..). On n'imagine plus rien, on est plutôt dégouté.
Quant à la station climatique ce n'est plus qu'une coquille vide submergée par les détritus. Il faut que je vous dise que les week end les cambodgiens viennent picniquer ici et, tout comme au Vietnam, ils laissent tout derrière eux. Plastiques, bouteilles et canettes etc...Il n'y a aucun respect de l'environnement, bien au contraire. Je préfère donc redescendre sur Kampot après quelques clichés.
De Kampot je suis monté à Phnom Penh en bus local (4 petites heures).
Cela fait 3 jours que je me trouve dans la capitale et je compte y rester encore 3 ou 4 jours. J'aime beaucoup cette ville. Je m'y sens bien tellement il y fait bon vivre. Hier je suis allé visiter les charniers de Choeung Ek. Charniers datant de l'époque de la révolution khmère rouge (1975-1979). Je ne vais pas me faire historien car tout le monde connaît l'histoire de Pol Pot et de ses partisans. Pour faire simple, le régime paranoiaque de ces abrutis a été à l'origine d'une épuration sans commune mesure où 2 millions de personnes ont été liquidées, et souvent après de terribles tortures.
Choeung Ek a été le dernier voyage de milliers de personnes. Un monument a été érigé sur le site, monument renfermant des centaines et des centaines de crânes humains. Le site est parsemé de plusieurs fosses communes d'où l'on peut voir sur le sol divers fragments d'os ou de dents.
Vraiment glauque. Mais le pire reste encore cet arbre où les bourreaux fracassaient la tête des bébés en les tenant par les jambes avant de les jeter dans les fosses. Tout cela sous l'oeil de leurs mères avant leur propre exécution.
Après cette visite éprouvante je suis allé visiter la prison de haute sécurité S-21. C'était un lycée autrefois. Mais en 75 les forces de sécurité le transformèrent en plus grand centre de détention et de torture du pays. Je ne vais pas m'étendre sur les divers tortures mais en tout cas ceux qui étaient détenus ici mouraient ici ou terminaient à Choeung Ek, à 15 km de là.
Quelques salles de classe renferment des cellules improvisées d'à peine 1 ou 2 mètres carrés. Ce qui rend le tout terrifiant c'est la banalité du lieu en pleine ville. Pour être honnête, le "lycée" n'est pas mal du tout. Alors imaginer ce qu'il en est advenu est assez terrible.
Voilà pour faire rapide.
Demain je pense partir en moto à 80 km d'ici pour aller à Skun, le village aux mygales.. ah ah ah
ciao
Stephan
